La sérénité des trentaines

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J’ai eu 30 ans un jour, comme ça, soudainement.

Je ne l’ai su que plusieurs semaines plus tard. Quelqu’un m’avait demandé mon âge, et pour pouvoir lui répondre, j’ai dû faire la différence: Année en cours – Année de naissance = 30 ans. 30 ans? Yeh!? Me suis-je exclamée. Et j’ai continué ma vie.

Mes 30 ans, c’était il y a quelques années maintenant. Moins de 10, plus que 5, mais qui compte? Pas moi, c’est sûr. Je ne connais toujours pas mon âge et je dois encore faire les maths à chaque fois que je remplis un formulaire.

Tout ça pour dire que je suis bien avec mon âge. C’est mon copain de tous les jours. Il grandit et grandira avec moi, jusqu’à ma mort. Ah! J’ai oublié de préciser. C’est mon copain sage. Je puise chaque jour, reconnaissante, de son calme et modération. Et Dieu sait combien j’en ai besoin.

Un petit retour dans mes souvenirs, et tout me revient (j’insiste sur petit, enno c’était hier, une quinzaine d’années plus tôt, c’était pas il y a un siècle).

J’étais en couple, amoureuse jusqu’aux ostéocytes (définition page 51 – livre de biologie), et en coma social. Une fois ensemble, nous nous sommes appliquées à réaliser tous les stéréotypes de la relation homosexuelle féminine. C’est comme si nous étions sorties d’un manuel de psychologie. La fusion totale, corps et âme. Mon univers était le sien, et vice versa. Je n’existais que par elle, que pour elle. Nous nous sommes contentées l’une de l’autre, et le monde extérieur avait cessé d’exister. Nous ne voyions plus nos ami(e)s, ne faisions plus d’activités, nous nous suffisions. Et la jalousie prônait au dessus de nos têtes, jour et nuit. Nous étions jalouses de tout le monde, tout le temps: la famille, les collègues, les amies, tout. Il n’y avait plus de moi, juste le nous. Et ça empoisonnait notre couple. Au quotidien. A y repenser maintenant, je ne me souviens plus de l’amour immense que mon cœur pompait dans chaque cellule de mon corps, mais uniquement de l’étouffement.

C’était hier tout ça. Heureusement.

Aujourd’hui, trentenaire, je suis plus mûre, plus posée, et plus reposée. Mes relations sont calmes, tranquilles et respectueuses de l’identité individuelle. Même en couple je reste moi, et elle reste elle. Nous sommes 2 personnes différentes, avec parfois des intérêts et des ami(e)s différents. Cette idée est même la base de toute relation. Elle ne nuit pas au couple, au contraire, elle l’enrichit et le rend plus fort. Fini les drames genre: C’est qui? Tu l’aimes? 3 minutes de plus avec eux, 3 minutes de moins avec moi. Tu ne m’aimes plus. Nous, c’est pour la vie? Où vas-tu? Je ne te suffis plus? Et comment? Pourquoi? Quand?

Dalida chantait divinement:

«On est une femme tout simplement
On a la force et l’expérience
On sait tout pardonner d’avance
J’ouvre les yeux et maintenant
Le soleil a brûlé mes larmes
Je suis bien dans mes sentiments
Et la solitude a son charme
Je ne regrette rien vraiment
Autour de moi la mer est calme
L’amour et l’amitié s’arrangent
Dans un bonheur qui se mélange»

Je vis mes trentaines à cœur et bras ouverts. Je savoure tout: l’amour, l’amitié, les sorties, les activités, le travail, les choses nouvelles, les voyages… sereinement.

Ma devise?  Une tasse de Nespresso, au calme. What else?

Mir
Mir’s been in love with sister Nature since like forever. She holds the French language torch in one hand and the fight for a tobacco-free environment in the other. 
She received the Literature Nobel Prize for her best seller “I’m a liar”, as well as an Oscar for her astonishing acting in “Double life”. 
In constant search for justice and peace, she’s continually trying to fix the irreparable Lebanese society. She’s looking for her second half, and her second half is searching for her. Hopefully one day, they will meet to become one.

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