Les Hormones Entre Mythe et Réalité (THS pour MTF)

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Beaucoup de transsexuelles (MTF) pensent que les hormones sont un remède miracle qui nous transforme en de créatures de rêves, des femmes à faire chavirer le plus difficile des hommes et faire envier les plus belles des femmes biologiques. Les hormones ne sont pas des produits anodins. On ne prend donc pas des hormones pour « avoir des gros seins », idée qui relève plus du fantasme que d’une transition réfléchie.

Si l’on décide de s’hormoner, c’est un choix personnel définitif (assez vite, les conséquences sociales deviennent irréversibles et les risques sont importants pour la santé en cas d’arrêt). Si l’on décide de s’hormoner, c’est qu’on a vraiment choisi de vivre, définitivement, au féminin ou du moins avoir un mode de vie atypique.  On ne peut pas décider de s’hormoner sur un coup de tète ou sur un caprice ou encore pour assouvir un fantasme passager.

Un tel choix n’est pas sans conséquences dans notre société arabo-musulmane; il a des implications majeures dans la vie sociale, professionnelle, familiale. Il faudra donc, à moyen terme, lorsque les effets du THS (Traitement Hormonal de Substitution), seront impossibles à dissimuler, faire ses coming out successifs pour éviter de vivre trop longtemps dans un no man’s land  néfaste à une bonne intégration sociale. Autrement dit, commencer un traitement hormonal implique d’assumer à court terme sa trans-identité vis-à-vis de son entourage, employeur compris. C’est donc une décision qui doit être mûrement réfléchie, mais qu’on prend en définitive totalement seule.

Vous avez pris votre décision ? Votre médecin traitement s’il connait le processus et les examens à faire avant un THS peut facilement vous suivre. S’il ne le connait pas il peut contacter une association pour trans ou toutes les informations lui seront remises. Le plus simple c’est de lui donner vous-même les nom et adresse web d’associations que vous connaissez.

Si votre médecin traitant refuse de vous suivre, il peut s’agir d’ignorance (le rôle du THS dans une transition ne figure pas actuellement dans les formations médicales), de rejet moralisateur (il y a des médecins sexistes, homophobes ou anti-IVG, il y en a aussi qui sont transphobes !) ou, pire, il vous considère comme une malade mentale et vous envoie chez le psychiatre. S’il est hypocrite, il vous enverra chez un endocrinologue,  soyez sure que ce dernier vous enverra aussi voir un psychiatre pour un suivi psychiatrique et un certificat de « transsexualisme » (répertorié, au DSM4 et à la CM10, dans la liste des maladies mentales).

Il n’existe malheureusement ou heureusement pas d’équipe officielle de suivi pour un THS pour les trans au Liban et vous êtes sure d’atterrir chez un psychiatre transphobe pour la plupart du temps qui vous fera perdre un temps précieux en vous soumettant a des examens psychiatriques inutile pour la plupart.

Lorsque vous serez devant un médecin compétent (n’ayez pas de craintes : beaucoup de généralistes le sont), soyez claire. Vous n’êtes pas une malade mentale ! Alors, ne pathologisez pas votre discours ! Demandez-lui en revanche de vous faire un bilan complet afin de vérifier votre état de santé, démarche préalable à tout THS sérieux. Prenez un autre rendez-vous une fois que vous aurez reçu les résultats de vos analyses. Il vous prescrira le traitement qu’on donne en général aux femmes en ménopause avec en plus un anti androgène. Le mythe de la pilule contraceptive entre autre « Diane 35 » que beaucoup de trans s’intoxique le corps est sans fondement aucun et en plus de cela ils s’exposent a de graves problèmes de sante tels que le cancer du sein, les thrombophlébites, le diabète, et l’hypertension, sans parler de l’état émotionnel ou ils sombrent dans un cercle infernal de saute d’humeur et de déprime inutile.

Quels médicaments prendre ?

-          Les œstrogènes naturelles par voie cutanée

-          La progestérone naturelle

-          Un anti-androgène périphérique ou central.

Par voie cutanée, pour éviter de saturer le foie et de prendre des risques graves pour votre santé. Le THS idéal au Liban utilise de l’œstrogène 17β en gel (ou oestrodose) soit 2 applications puisque le doseur vous donne 0.75mg par application. Le dosage initial (le temps que votre corps s’habitue) est en général 1,5 mg / jour. Si vous tolérez bien ce dosage (sauf exception, c’est le cas), vous pourrez augmenter jusqu’à 3 mg par jour mais pas au-delà, cela ne servirait à rien. En général, 2 mg suffisent. Inutile de bousculer votre corps : vous risquez juste de nuire à votre santé.

Pour la progestérone, naturelle aussi, sa présentation est aussi en gel pour éviter encore une fois la saturation du foie, c’est le progestogel. Le dosage habituel est de 5mg / jour (parfois, on peut aller jusqu’à 10 mg / jour). Ce produit favorise une meilleure répartition des graisses et un développement des seins avec une forme plus harmonieuse (cela évite la forme typique des poitrines Trans avec des seins qui partent vers l’extérieur), et permet de réduire les états dépressifs fréquents dus aux changements des taux hormonaux dans votre corps (c’est la testostérone  qui vous protégeait auparavant de la dépression). La légende urbaine selon laquelle la progestérone donnerait automatiquement de petits seins est sans fondement médical.

Les anti-androgènes ; les spécialistes restent partagés quand a leur utilisation et leur indispensabilité. Le but des anti-androgènes et l’arrêt dans le corps de la fabrication de la testostérone ou inhiber les récepteurs de la testostérone tels que les muscles striés et la peau. Les anti-androgènes sont particulièrement utilisés en cas de chute de cheveux.  Ils stoppent et aide à la repousse si les racines sont encore actives. L’Androcur ou l’acétate de cyprotérone a longtemps été diabolisé par beaucoup de professionnels de la sante a cause de son utilisation dans la castration chimique des pédophiles récidivistes en Europe et Amérique du nord. Il a aussi été attaqué pour sa toxicité pour le foie, il a même été retiré du marché pendant un moment. Avec une bonne hygiène de vie et un bon suivi médical vous pouvez prendre ce médicament sans risque majeur pour votre sante. Il faut savoir qu’aucun médicament n’est dépourvu de risque pour la sante. Le dosage habituel est entre 30 et 50 mg / jour en une seule prise. Il faut préciser que l’arrêt de fabrication de la testostérone s’accompagne d’arrêt de la fabrication de spermatozoïdes et vous aurez une azoospermie presque immédiate. Cet arrêt de fabrication de spermatozoïdes devient irréversible au bout de six mois de traitement. Si vous désirez avoir des enfants il faut prendre vos précautions en mettant votre sperme dans une banque de sperme avant le début de traitement par exemple pour opter pour un anti-androgène périphérique, soit dans la cas du Liban la Finastéride dont l’action se limite a l’inhibition des récepteurs de la testostérone dans le corps. Le dosage habituel est de 1 mg / jour.

Un THS est un traitement de longue durée, vous prendrez ces médicaments jusqu’à l’âge de 52 ans, sauf pour les anti-androgènes dont la prescription s’arrête avec l’ablation des testicules. Pour le conduire à bien il faut avoir de la patience et une très bonne hygiène de vie. En d’autres termes, éviter l’alcool, la drogue, le gras et tout ce qui peut fatiguer le foie. Il faut savoir aussi que nous ne sommes pas toutes égales devant un THS et les résultats ne s’obtiennent pas dans les mêmes délais avec les mêmes résultats pour toutes. Doubler les doser n’y changera rien et ne fera que nuire a votre sante.  Plus jeune vous commencerez votre THS meilleurs seront les résultats.

Vous découvrirez de nouvelles sensations, vous regarderez le monde d’une autre façon par un autre regard, vous serez plus émotives, plus sensible ; vous pleurerez pour un rien et vous rirez aussi pour un rien. Des changements visibles vous n’en verrez pas tout de suite mais vous remarquerez que votre peau  deviendra plus douce, vous aurez beaucoup moins de poiles, votre visage se féminisera, vous perdrez beaucoup de votre masse musculaire et vos traits sont plus fins. Cela prendra le temps que ca prendra, sans vous en rendre compte et plus vite que vous ne le pensez un jour la chrysalide se transformera en papillon et devant le miroir vous allez vous dire waw est-ce vraiment moi ? Le THS n’arrête pas pousse de la barbe, ne change pas la voix. Biensur le traitement hormonal a lui seul ne suffira pas à faire de vous le papillon au quel vous aspirez mais cela est un autre sujet.

Tags: Health, hormones, transsexual