Le Prêt-à-Porter et Prêt-à-Juger
408 views[…] Paragraphe supprimé car article trop long. Si vous souhaitez le lire, veuillez organiser une pacifique manifestation devant Bekhsoos pour qu’il soit publié.
Voilà: je ne me maquille pas! Un jour où j’avais mis fièrement une fine couche de fond de teint, une touche de mascara et un soupçon de rouge à lèvres, mon oncle me demanda, le plus sérieusement au monde : pourquoi tu ne te maquilles jamais? Je l’ai regardé avec de grands yeux et une grande moue, comme pour lui montrer mes longs cils maquillés et mes lèvres badigeonnées qu’il n’avait apparemment pas vus. Mais la seule explication plausible était que je n’aimais pas ça sur moi à tel point que, quand je l’ai finalement essayé, c’était d’une façon invisible, personne n’a rien vu! Mais mon éternelle question reste, je ne me maquille pas, oui et alors?
Et puis, c’est quoi cette question de culottes? Admirez SVP, sans jalousie, la belle transition entre mes idées. On ne sait plus quoi porter, car les gens ne savent plus quoi critiquer. Tu en portes une sous ton pantalon un peu serré, et les gens, tout de suite, te montrent du doigt car les plis de ta petite culotte sont visibles. Enno oui, je porte une culotte, est-ce un crime? Et si tu n’en portes pas, ils vont te montrer du doigt aussi, car yiiii, tu n’en portes pas. Et si tu mets un string, qui n’est rien d’autre qu’un outil de torture créé pour ne pas exhiber ces plis honteux, ils te montreront du doigt, car, eh oui, tu portes un string! Donc, là aussi, une analyse rapide est requise. Mais le résultat n’est pas positif. Que tu mets une ou pas, tu seras toujours montrée du doigt.
Ceci me ramène directement à cette idée ancrée dans nos esprits qui relie la coloration des cheveux, ou pour être plus précise, le masquage des cheveux blancs, à la présentabilité d’une personne – encore une fois une remarquable transition entre les paragraphes, je me surprends parfois! Je me teins les cheveux, oui, je l’avoue et le dis à haute voix, mais je ne m’évanouie pas à la vue des mes quelques cheveux blancs à chaque fois que la coloration commence à perdre son éclat. Ca ne fait pas de moi une personne négligée, mais juste quelqu’un qui n’a pas envie de perdre 2 heures chez le coiffeur à écouter les dames commenter les lèvres de X et le nez de Y. Je le fais quand j’en ai envie, point!
Hmmmm, visage, fesses, cheveux, je me demande de quoi il va s’agir dans le prochain paragraphe!
Je ne comprends pas notre relation et celle des autres avec nos corps. Des lois semblent gérer nos vies, et une critique constante semble planer sur nos têtes, quoiqu’on dise, quoiqu’on fasse.
Le maquillage, l’épilation, la façon de s’habiller, le quoi porter, les bracelets et les colliers, le qui aimer, le qui ne pas aimer, les cheveux…. autant de choses imposées aux individus comme règle de “savoir vivre” et comme passeport pour intégrer la communauté des gens acceptés. Si tu es une femme et que tu aimes une autre, tu seras bannie d’une certaine communauté. Si tu ne te teins pas les cheveux, tu seras bannie d’une autre. Si tu portes un jeans et des baskets, tu ne pourras pas entrer au restaurant ultra chic de la capitale. Si tu ne t’épiles pas, tu seras regardée de travers. Et nous, parfois, par manque de courage, par acceptation, par lassitude ou par convenance, nous entrons dans le jeu, nous critiquons les autres et nous nous infligeons des changements et des accessoires, juste parce qu’on nous ancre cette idée dans nos têtes, un peu plus chaque jour.
Un bracelet n’est pas une menotte mais un bijou. Un fond de teint n’est pas un masque mais un moyen d’enjolivement. La cire chaude n’est pas une torture mais un moyen d’hygiène. Qui aimer n’est pas un droit mais une norme, et ainsi de suite, et ainsi de suite.
Le regard des autres nous bloque et influence nos comportements. Mais nous avons parfois tendance à oublier notre regard sur nous, et le grand impact qu’il a. Je me suis souvenue de ça en tapant toute cette liste. C’est bizarre! Si je considère que “mon corps, mon droit”, et si je me révolte contre les choses imposées, pourquoi alors je m’épile, ou je me teins les cheveux, ou je porte un bracelet, ou… Pourquoi je fais tout ça?
Est-ce parce que ça me fait du bien ou parce qu’on m’a ancré dans l’esprit l’idée que ça fait du bien?
Pourquoi je me sens mal à l’aise si je ne les fais pas?
Comment peut-on être contre un concept et le faire en même temps?
Refuser un point de la liste et accepter un autre peut-il être considéré comme signe d’hypocrisie?
La révolte n’englobe-t-elle pas le tout?
Et comment peut-on être aussi révoltée et soumise à la fois?
Autant de questions qui se bousculent dans ma tête, sans réponses. Et pour cause, je n’ai pas le temps, je dois quitter. J’assiste à un mariage, et je dois aller me faire belle. (C’est quoi cette expression? Je ne suis pas la façon dont Dieu m’a créée?) Je vais aller me faire les cheveux, les ongles, les sourcils, puis m’entraîner à sourire tout au long de la journée, même si mes pieds hurlent de douleur dans mes chaussures serrées à talons. Enno après tout, je ne vais pas mettre des baskets pour un mariage, yiiii, ma32oul!
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