Qui Dit Normal?

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Ceci est un article personnel, ne le lisez pas.

Non, non, je plaisante, lisez-le, à quoi bon écrire dans Bekhsoos si vous n’allez pas me lire ? (Question existentielle métaphysico constitutionnelle).

Bon, voilà : J’étais un jour gentiment assise à jouer avec mes orteils, quand une idée me frappa.

Le choc était si fort que je fus soulevée de mon siège et projetée 2 à 3 mètres à travers la pièce. J’ai percuté le mur, je suis tombée face à terre, j’ai goûté les dalles (c’est pas bon), j’ai rebondi et me suis retrouvée assise sur mes fesses. Puis les 5 minutes de stupeur passée, j’ai recollé mes dents à leur place et j’ai commencé l’analyse de ma découverte Einsteinienne.

La première fois où je suis tombée amoureuse (d’une fille bien évidement), je ne me suis posée aucune question!

La deuxième fois, bizarrement, aucun point d’interrogation ou d’exclamation n’est venu me chatouiller!

Durant ma relation avec ma ex femme (ne corrigez pas le « ma », c’est moi qui redéfinis la grammaire française), la seule question profonde que je me posais était : Qu’est ce qu’on mange aujourd’hui ?

Et quand nous nous sommes quittées et que je suis retombée amoureuse, je ne me suis pas du tout exclamée : Yih, c’est encore une fille !

Toute jeune, quand mes amies se pâmaient devant les photos des stars masculines de Hollywood qui me laissaient indifférente, ça ne me perturbait pas du tout. Je me pâmais devant les photos des actrices, et c’était tout à fait normal pour moi.

Et le fait de ne jamais m’être imaginée en robe blanche, de ne jamais avoir planifié mon mariage, de ne jamais avoir attendu mon prince charmant, ni ressenti le besoin d’avoir des enfants, ne m’a pas mis la puce à l’oreille.

Très bizarrement, je ne me suis jamais sentie « anormale » dans ce monde de conformisme !

Je ne me sens anormale que quand je lis des phrases telles que: « Le conformisme se manifeste par le fait qu’un individu modifie ses comportements, ses attitudes, ses opinions, pour les mettre en harmonie avec ce qu’il perçoit être les comportements, les attitudes, les opinions du groupe dans lequel il est inséré ou il souhaite être accepté »…. Enno entourée de toutes ces filles dont le seul objectif est d’épouser Georges Clooney et d’avoir une douzaine de petits Georgy courant partout dans notre villa, comment puis-je rester de glace et ne pas vouloir les imiter?

Je m’explique, car à la relecture de cette phrase, je réalise que moi aussi je ne l’ai pas comprise.

Voilà : Dans cette société de cons, où la fille est élevée avec la seule perspective de se marier, avoir des enfants, devenir téta car ses enfants aussi doivent se marier et avoir une dizaine d’enfants, pour mourir à la fin heureuse d’avoir accompli son devoir, dans cette merveilleuse société où les filles doivent ranger leurs rêves dans les tiroirs, où toutes les publicités, les contes, les programmes télévisés, les chansons, prônent Le Mariage Traditionnel, eh bien, je ne me suis jamais sentie concernée. Par la suite, je ne pouvais pas participer aux différentes conversations niaises de mes amies (le Fistan, la Tar7a 6 mètres, le Gâteau 12 étages…..). Je m’asseyais avec elles à les écouter blablater, MAIS je ne me sentais pas anormale.

Et puis je préférais les filles. Assise parmi mes amies pendant qu’elles concoctaient le Mari Idéal, avec les yeux de Bruce, les fesses de Tom, et les pectoraux de je ne sais qui, je me limais les ongles en regardant le plafond, sans me sentir le moindre du monde anormale.

Bon OK, je n’étais et ne suis pas comme les autres, je le sais et le comprends. Mais ne jamais me demander pourquoi, ne jamais me sentir mal à l’aise à ne pas vouloir ce que les autres veulent, et loin de me révolter, ne jamais sentir le besoin de me conformer à la société où je vivais ? C’est bizarre, trop bizarre pour moi !  Autant plus que mon acceptation de moi n’est pas à son plus haut niveau. J’ai toujours pleins de conflits et de réprobations vis-à-vis de moi-même. Mais en ce qui concerne ça, cette part là en particulier, je n’ai ni questionnements ni regrets.

Ma question reste pourtant :

Est-ce normal de ne pas se sentir anormale?

Tags: amour, French, lesbienne, relations, société